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Mis à jour le 31 janvier 2023
Un pictogramme est un dessin schématique exprimant une notion ou un concept. Utilisé dans une grande variété de cas, il a pour but de délivrer une information tout en s’affranchissant de l’écrit, des langues et des cultures. Ce design synthétique délivre un message facilement identifiable et compréhensible. Il s’exploite dans les contextes de lecture rapide, de compréhension immédiate ou lorsqu’un utilisateur ou une utilisatrice doit enclencher des actions : cliquer sur un bouton ou s’orienter par exemple.
Inutile de préciser que les pictogrammes sont présent dans toutes les couches informatives de la société occidentale. Les pictogrammes sont adaptés à la signalétique (pancartes, panneaux de directions) et aux espaces numériques tels les sites web, les smartphones, les tablettes, les interfaces graphiques des appareils connectés.
Nous pouvons identifier trois cas de figure qui influencent le fond et la forme des pictogrammes. Le contexte d’utilisation détermine si la création de pictogrammes doit faire appel à l’un ou l’autre, voire en mélanger plusieurs.
L’usage applicatif a pour objectif d’engager une action, par exemple, appuyer sur un bouton. Cette utilisation omniprésente dans les interfaces de logiciels se retrouve aussi sur des appareillages tels les outillages industriels, les boutons de commande des véhicules.
L’usage informatif s’applique à délivrer une information, orienter le public dans une direction ou signaler un lieu. L’icône « toilette » est ainsi exclusivement dédié à l’usage signalétique. Sa présence dans un autre contexte s’apparente presque immanquablement à un détournement culturel ou un trait d’humour.
L’usage narratif permet de décrire un processus ou raconter une histoire à l’aide d’une suite de pictogrammes. C’est une technique exploitée dans les infographies ayant pour but d’illustrer les étapes d’un processus. Le pictogramme se retrouve fréquemment dans les infographies en raison de sa disponibilité et sa facilité d’utilisation.
C’est un exercice auquel se sont attachés Matteo Civaschi et Gianmarco Milesi au travers de leur ouvrage Pictologies. [1] Chaque page réalisée avec des pictogrammes raconte avec humour une histoire à élucider.
Cet usage narratif s’utilise aussi pour pallier les difficultés de lecture de publics en situation de handicap. Les pictogrammes sont souvent plus détaillés et s’apparentent presque à de petites illustrations proches de ce que l’on peut les trouver dans un mode d’emploi.
La bonne compréhension d’un pictogramme dépend pour une grande part des conventions culturelles de son public. Notre éducation nous permet de différencier le sens des pictogrammes en fonction de leur contexte. Au XXIe siècle, à l’âge de jouer aux pirates, une tête de mort évoque plus un univers culturel qu’un symbole de danger. L’étude de Emmanuelle Bordon, « interprétation de pictogrammes : genèse d’une compétence » nous renseigne sur les processus d’interprétation à l’œuvre chez les jeunes enfants. [2]
Le pictogramme intervient ainsi plus comme le rappel d’une information déjà connue. Si l’avantage va à la rapidité de compréhension pour le public formé à ces signes, il est source d’erreurs ou d’incompréhension pour un public non averti. Passer le permis de conduire nécessite de connaitre le code de la route, même si l’on connaît quelques signes avant de passer l’examen !
Ainsi, nous n’échappons pas aux conventions : la symbolique est disséminée dans la signalétique et dans la société, notamment la signification des couleurs dans chaque pays, les formes issues de la codification routière ou de la sécurité. Le design représenté doit s’accorder avec la représentation qu’en a le public. Celui-ci doit déjà connaitre la signification du signe représenté et être confronté à sa représentation.
Dans le cas d’une harmonisation de design avec la communication existante d’une organisation, le traitement graphique a une importance non négligeable. Les pictogrammes en concordance avec l’identité d’une l’entreprise, participent à la cohérence de sa communication et reflètent l’attention portée aux détails.
Les pictogrammes dessinés dans le même style aux caractéristiques unifiées se regroupent en "familles". Pour les structures qui en disposent, les chartes de pictogrammes dévoilent l’étendue des usages, des pratiques, voire des différents services. Au travers des actions ou des objets représentés dans la charte de pictogramme, les périmètres d’action de l’entreprise se révèlent plus évidents que dans des longs descriptifs.
Utilisés dans des structures de tailles conséquentes, ils donnent à chaque personne assermentée la possibilité d’illustrer facilement ses documents avec l’identité de l’entreprise.
Lorsqu’une large gamme de pictogrammes d’entreprise existe, le recourt à des pictogrammes unifiés limite la cacophonie visuelle. Manipulable aisément, une famille de pictogrammes dédiés à une organisation permet à ses équipes marketing d’insuffler l’identité dans les productions bureautiques, tels les présentations et les diaporamas (PowerPoint, LibreOffice). Ils soutiennent ainsi l’image de marque même sur ces supports.
Certaines identités existantes se prêtent toutefois mieux à la création de pictogrammes que d’autres… Ainsi, les pictogrammes ont à gagner à être conçus en même temps que la création d’une identité visuelle.
Dans des applications numériques, les pictogrammes s’insèrent dans les interfaces pour faciliter la navigation. Une fois découvert, le pictogramme est identifié comme un élément d’action, mais il s’exprime aussi comme un élément de l’identité visuelle de la marque.
En dehors du logo et des choix de couleurs, l’identité d’une application se résume parfois à peu de choses, le pictogramme permet alors de personnaliser et de différencier l’application de la concurrence. La surface d’expression de la marque est limitée dans ce contexte, il serait dommage de se priver d’une telle ressource pour se différencier…
C’est d’autant plus vrai que les nombreux "pictos gratuits" se répandent facilement dans les interfaces lorsque les licences d’utilisation le permettent. La disponibilité — et en partie la gratuité — induisent au final une uniformité entre entités qui n’apparait pas forcément immédiatement, mais qui finit pas s’installer dans le paysage visuel du public.
Ainsi, la mode du « flat design » a généré une surproduction de pictogrammes menant directement à la banalisation et parfois, à l’overdose !
Le choix du signifiant nécessite d’être précisé avant chaque création de pictogramme. Pour exprimer des idées simples, des symboles évidents et fortement ancrés dans la mémoire collective semblent plus adéquats. Vouloir réinventer ce qui fonctionne serait un abus de design au mépris de la compréhension du public.
Une méthodologie organisée autour des critères de validation, permet de s’entendre avec l’organisation sur l’objectif de chaque pictogramme. Les choix de représentation de l’ensemble sont donc forcément à valider en amont avant d’être dessinés, on s’évite ainsi la création de signifiants proches, voire de doublons.
Lorsqu’un pictogramme doit illustrer une notion abstraite, le choix du signifiant pourra être plus difficile à identifier. Il est alors utile de procéder à des tests utilisateurs, tels que ceux utilisés dans les démarches UX pour évaluer l’interprétation et valider le symbole retenu.
Une fois la symbolique de chaque pictogramme arrêtée, la phase de design de pictogramme consiste à trouver le bon équilibre entre sa fonction informative et l’identité visuelle de l’organisation. N’oublions pas que le design doit s’adapter au contexte d’usage !
Des pictogrammes dédiés à des interfaces de petite taille sont dessinés différemment de ceux destinés à une infographie ou un affichage destiné à la sécurité. La différence est encore plus prononcée s’ils sont destinés à une signalétique en grandes dimensions.
Les critères esthétiques ont ainsi tendance à devenir plus subtils dans les petites dimensions, lorsque la taille limite l’expressivité et se concentre sur la lisibilité du dessin.
L’uniformité entre pictogrammes se résout par la cohérence de forme, de taille puis de couleur. Au départ vient la création d’une grammaire conçue entre contexte d’usage et identité. Les formes propres à l’organisation sont travaillées pour s’insérer dans un système graphique capable d’englober un large périmètre illustratif.
En recherchant dans l’identité visuelle de l’organisation ce qui est à la fois représentatif et décomposable, on réduit les composants graphiques utiles à des éléments indépendants : géométrie particulière, qualité des traits, terminaison des filets…
Cette grammaire de forme se complète par lune expression graphique que le ou la designer extrait du contexte de la demande et de sa culture personnelle.
Le tout forme un style graphique, une grammaire stylisée prête à composer, capable d’exprimer globalement l’identité de l’organisation au travers de la famille de pictogrammes.
En partant de la fonction de chaque pictogramme, la grammaire est ensuite élaborée selon un système organisationnel adapté : grilles, taille des filets, masse visuelle, hauteur, rayon de courbes…qui ont pour objectif d’uniformiser l’ensemble. Les pictogrammes, comme les caractères d’une typographie, doivent pouvoir s’aligner les uns à côté des autres et occuper une surface identique.
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